Le marché de l’emploi en 2017 – réflexions et cheminement

BD sur l'employabilité en 2017 - arnaque intellectuelle

L’employabilité en 2017 :mieux vaut en rire qu’en pleurer

Bonjour à tous!

Il y a quelques semaines, j’ai posté ce dessin d’humeur suite à un appel que j’avais reçu de la part d’une agence d’intérim. J’ai dessiné et réagi à chaud, et maintenant que cette aventure est passée, j’ai pensé que faire un article sur le sujet pourrait être intéressant. Car ce qui devait au départ être juste un petit coup de sang m’a ouvert sur une autre réflexion que je souhaite vous partager aujourd’hui.

Attendez-vous à un pavé, cet article approche les 1300 mots (eh oui, on s’éloigne pas mal de ce que fait d’habitude!), mais ça me parait constructif de vous poster ce petit cheminement ici et de récolter vos retours, vos réflexions, et juste de partager mon sentiment sur la question. Après tout, le blog est aussi un moyen d’expression, autant en profiter!

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De la bulle à la réalité : retour que l’élément déclencheur

J’ai été démarchée pour un poste dans mes cordes, qui semblait très intéressant, et assez complexe, car l’employeur demandait quand même pas mal de compétences et demandait au candidat d’avoir les épaules solides, car beaucoup de responsabilités, et de l’expérience au préalable (en plus de savoir faire le café, hein, on est pas des sauvages).

Lorsque l’agence m’a annoncé le salaire, j’ai ri. Nerveusement, mais j’ai ri. C’était plus fort que moi. J’ai raccroché le combiné en me demandant si ce que je venais de vivre était réel ou si il s’agissait d’un canular téléphonique. J’étais mitigée. Est-ce que vraiment on pouvait en demander autant en proposant si peu? Était-ce du culot ou la réalité d’un marché de l’emploi aux conditions drastiques?

A la croisée des chemins entre un sentiment de dépit, de rire, de colère et d’incompréhension, j’ai dessiné cette petite BD  à la hâte en rentrant chez moi.

J’ai récolté de nombreuses réactions, de la part de mes proches, d’inconnus, de collègues… et si j’ai mis autant de temps à rédiger cet article, c’est que j’ai préféré réagir à froid à cette expérience, avec un maximum de recul. Car les réactions, aussi diverses fussent-elles, m’ont laissé à cette même croisée des chemins émotionnellement, ne sachant si je devais opter pour le rire, le dépit, la colère, ou l’incompréhension.

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Des réactions intéressantes et multiples face au marché de l’emploi

J’ai commencé par parler de la situation avec mon compagnon. Je lui ai raconté ma mésaventure et lui ait demandé son avis sur la question.

Rire et soutien.

« Ils n’ont vraiment honte de rien! Ils cherchent un mouton à 5 pattes, n’accepte pas ce genre de proposition. Tu vaut mieux que ça » Je ne citerai pas ici sa métaphore comparant cette proposition à un rapport rectal non consenti qui au demeurant m’a bien fait rire. Puis vient le tour de l’avis de la famille. A ce stade de mon enquête, j’ai un peu plus déchanté.

« C’est toujours mieux que rien » me dit ma belle-mère – gêne

« C’est une expérience de plus » me dit ma mère – méthode coué

« C’est pas normal, mais ne te plains pas! Nous, on a vécu une rétrogradation, on a vécu cette descente aux enfers! » me dit le compagnon de ma mère – agression

Puis vint le 3e cercle, celui des amis, des connaissances.

« Ils abusent » me dit l’un, « Y’en a 10 qui attendent à la porte, ils vont forcement trouver quelqu’un » me dit un autre. J’entends également « c’est la réalité du marché », « c’est comme ça ». – dépit

« On a pas eu la chance qu’ont eu nos parents, et tout le monde s’en fout! On a même pas la base et ça parait normal à tout le monde! » rage

« Je galère depuis des mois, mon employeur me met au placard et me réduit mon salaire, mais je m’accroche car je ne suis pas sure de retrouver du travail comme ça »détresse

« Les entreprises sont capables de dépenser plus de 10 000€ pour une présence de 2 jours sur un salon, et on refuse de nous offrir mieux que le smic! »frustration

« On est dans un pays où le taux de chômage frôle les 10%, ils savent qu’ils sont en position de force » neutralité

« Le marché de l’emploi est pourri en France, tu devrais déménager »solution alternative

Et à l’argument que j’avance disant que plus nous acceptons des salaires bas, moins les employeurs ont de scrupules à donner moins niveau salaire, on me répond :

« C’est vrai, mais on a tous besoin de payer nos factures » – résignation

Je suis donc mitigée, de nouveau.

Qui a décidé que le marché du travail « était comme ça » et dois-je, au bout de 10 ans de métier, accepter ce genre de salaires? Et doit-on vraiment quitter notre région voir notre pays pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs? Les questions sont grandes ouvertes, et les réponses sont encore floues. Mais à titre personnel, je commence à entrevoir le chemin  que je vais prendre.

Illustration du blog-bd nem and the city - marché du travail

De la rage à la résignation, que peut-on retenir de ce débat?

Au départ, j’avais commencé par rédiger un article coup de gueule, où j’épanchais ma rage, ma frustration, mon dépit, et je me voyais déjà sortir mon étendard révolutionnaire telle Marianne guidant le peuple. Puis j’ai réfléchi.

A la colère froide succéda la réflexion, le recul. Le marché de l’emploi ne se porte pas très bien, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se laisser aller à prendre tout ce qui vient. Tant qu’on est pas au pied du mur, mieux vaut essayer autant que possible de trouver le travail qui nous offrira stabilité et sérénité, avec un minimum de frustration. Nous passons près de la moitié de notre vie au travail, si ce n’est plus. Pourquoi vivre cette période dans un mal-être profond?

J’ai déjà réalisé une mission longue où j’assumais des responsabilités et du stress à haute dose tout en me serrant la ceinture à la fin de chaque mois, sans avoir ne serait-ce qu’une tape sur l’épaule. Je l’ai mal vécu. Mais parce qu’on nous martèle que le marché de l’emploi est au plus mal, j’ai tendance à oublier un peu trop vite cette expérience que je m’étais pourtant jurée de ne pas réitérer. Mais parce que j’étais persuadée que je ne méritais pas mieux, tant niveau salaire qu’au niveau des conditions de travail, je courbais l’échine, en me disant qu’en cumulant suffisamment d’expérience ça finirait par changer.

Mais ce moment n’est pas venu de lui-même. On m’a proposé un salaire toujours inférieur avec toujours plus de responsabilités, toujours plus de contraintes, toujours plus de stress. Mais parce que je les ai acceptées, ces propositions, je n’ai pas évolué. Ma conclusion est que c’est à moi de créer ce moment. En demandant plus, en demandant mieux, et sans en avoir honte.

Il faut du courage pour négocier un salaire de nos jours, car nous sommes nombreux à souffrir du « syndrome de l’imposteur« , nous qui avons des compétences mais les ayant appris sur le tas à coup de mini salaires ou de stages, nous sentons dévalorisés. Que nous soyons jeunes ou matures, nous avons tous du mal à nous dire que nous méritons ce salaire qui nous fait rêver, ces conditions de travail agréables qu’on envie au voisin.

Après cette expérience, j’ai choisi d’assumer. Assumer les prétentions salariales auxquelles je pouvais prétendre. Assumer de me prendre quelques revers et quelques refus. Assumer de devoir prendre mon courage à deux mains pendant des entretiens pour défendre mes positions. Car même si moi aussi j’ai besoin de payer mes factures, j’ai décidé de vivre, et d’arrêter de « survivre ».

Ce coup de fil m’a fait comprendre qu’il ne fallait pas toujours dire oui, et que ce n’est pas le salaire qui détermine la valeur de l’homme, mais la valeur de l’homme qui devrait déterminer le salaire. 

Un article bien long, j’en convient, et qui dénote beaucoup de la ligne éditoriale de ce blog, d’habitude plus légère et plus simple. Mais je pense qu’un mot sur la question ne fait pas de mal, car je réalise que nous sommes nombreux à oublier que nous avons de la valeur.

Je vous remercie d’avoir lu jusqu’au bout!

Moelleusement vôtre! / Nem and the city

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15 réflexions au sujet de « Le marché de l’emploi en 2017 – réflexions et cheminement »

    1. Merci beaucoup! J’espère aussi que je pourrais trouver la mission qui me conviendra, quitte à déménager. Advienne que pourra pour l’avenir, mais cette petite mésaventure m’aura au moins permis de poser ces éléments sur « papier » et de réfléchir posément à la question. Merci beaucoup pour ton retour 🙂

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      1. Pas de quoi 🙂 Je comprends très bien le problème « pas assez payé pour mes qualifs » : de prof remplaçant, je suis devenu cariste… un peu beaucoup par la force des choses.
        Quand j’ai voulu me recycler en faisant un CAP, l’Administration a refusé : trop diplômé.

        Donc oui, je comprends en quoi c’est rageant de ne pas trouver de boulot qui paye à la hauteur des études, études que l’on nous a poussé à suivre…

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  1. Ah, j’attendais cet article avec beaucoup d’impatience -un peu inquiète- (je m’inquiète toujours quand il s’agit de sujet sérieux, même si je n’avais pas idée que tu allais parler de ça aujourd’hui).

    Je suis dans le camp de ceux qui sont démotivés et qui se demandent « comment sortir de là, nous tous? »… je n’ai pas encore de réponse. Car les gens ne veulent pas vraiment y mettre du leur.
    Finalement, on attend toujours quelque chose, en se disant « oh peut-être qu’avec les élections prochaines (?), peut-être que lorsque j’aurai plus d’expérience ? Que je serai mieux préparé? » et que sais-je encore…

    Mais disons que malgré tous les efforts que cela demande, en général si on veut vraiment quelque chose qui nous correspond, alors c’est soit comme tu dis: se battre pour, fermer la porte au nez de ceux qui veulent te sous-payer et se dire que c’est eux qui sortent perdants, soit se faire son propre emploi (mais ça ne marche pas dans tous les métiers).

    Après c’est vrai qu’il y a des problèmes plus profonds… c’est que certaines grosses boites qui pourraient faire un effort ne le font pas et certaines petites entreprises ont du mal à se lancer à créer de l’emploi, (ces inégalités…), vu toutes les contraintes que ça comporte. Tant qu’on sera dans un monde qui comme toi même l’a dit en décembre « marche sur la tête »… je ne sais pas s’il y aura une solution possible sans forcer la main aux employeurs et faire une résistance, mais tu as bien illustré que ça ne marche pas vraiment, vu que les gens ont besoin de travailler… et donc acceptent leur sort.

    N’empêche, tu as l’air décidée et je suis d’accord avec toi: tu as le droit et même le devoir envers toi même de trouver un travail qui te convienne… et surtout pas stressant (ou qu’il y ait quelque chose de plus fort que ça!) et dans lequel on reconnait ta préciosité.

    C’est bête ce que je m’apprête à dire, mais, je vais le dire quand même: c’est la loi du marché… les employés sont comme une marchandise quelconque et on veut le meilleur au moins cher! Depuis le naissance de nos jours « on » apprend ça, acheter au prix le moins cher possible, se servir, jeter quand on en a assez… L’humanité la dedans? Ne me demande pas… je ne saisis pas! *pense toujours à « Chirurgie plastique » quand elle emploie ce mot « saisi »… « non, vous n’avez pas saisi!’ * Mais heureusement, pas tout le monde est comme ça. Sauf qu’il faut avoir de la chance pour tomber sur les bonnes opportunités.

    Courage! (fuyons?! o___o euh… non!)

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    1. J’aimerais bien fuir parfois ^^ Je me dis de temps en temps que nous vivons dans un monde qui marche sur la tête, tant au niveau du manque d’humanité qu’au niveau du monde du travail. Oh, il y a bien pire que notre situation en France, mais la balance n’est plus équilibrée depuis longtemps, ce qui m’a poussé à rédiger ce billet. J’ai conscience de la réalité du marché, de la loi de l’offre et de la demande. J’aimerais juste avoir le courage de tenir mes positions jusqu’au bout et que, quelque part, ce billet serve de mémo, pour ne pas oublier que ce n’est pas parce qu’on nous propose quelque chose d’indécent qu’il faut forcément accepter 🙂

      Merci en tout cas d’avoir pris le temps de lire et de réagir! Tes commentaires si argumentés sont toujours un plaisir à lire!

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      1. merci d’apprécier, alors. Et puis… ça me semble bien, que ça te serve de mémo.
        Certaines choses nous font parfois faire de mauvais choix… des choix qui vont nous faire souffrir. Si on est tout à fait d’accord avec le choix qu’on a fait et qu’il nous a paru juste, alors, on peut en tenir la responsabilité, mais parfois il est mieux d’y réfléchir à deux fois. Je crois.

        J’espère que ça va s’arranger.

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  2. Très chouette article! Tu as tout à fait raison, il faut puiser dans la confiance en soi pour oser défendre un salaire mais ça peut renforcer un cercle vertueux au niveau de l’estime de soi! J’ai plutôt toujours été en mode « Oh mon dieu je veux absolument ce travail et j’accepterais n’importe quoi » mais je n’ai pas été epanouie du tout et j’ai toujours laissé tomber 18 mois plus tard maximum. A présent je pense me réorienter dans une activité free lance, nous verrons bien 😊

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    1. Merci beaucoup! je ne comprends que trop bien ce retour d’expérience. Si le travail nous contraint plus qu’il ne nous épanouit, il est difficile de s’investir correctement et d’aller travailler sereinement. Une activité freelance peut être intéressante, et j’espère que ton projet portera ses fruits 🙂 Etre son propre patron peut également avoir du bon! (pour moins de contraintes, tu peux regarder du côté du portage salarial, si un jour tu te lances).

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  3. Ton article est vraiment intéressant et pour moi qui bosse dans l’insertion (des jeunes sans qualif essentiellement) tu as parfaitement cerné le marché de l’emploi en 2017 et les réponses que l’on te fait.
    Mais je pense que tu as raison et que tu dois t’accrocher, tu vas finir par trouver le job de tes rêves!!

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    1. Merci beaucoup! Ca me fait plaisir de lire ce genre de retour, en particulier venant de quelqu’un dont c’est le coeur de métier. Je vais m’accrocher, j’espère juste que cet article sera, quelque part, un réconfort pour les gens qui comme moi sont amenés à douter au moment de recevoir des offres d’emploi. Merci encore!

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